Il n’y a pas de plus beau moment à mes yeux que le mois d’Octobre et ses énergies de Samhain pour s’imprégner de ces terres de légendes.
Il me fallait shooter les bijoux Opus Pocus sur mes terres d’origine afin que ceux-ci soient chargés de toute la magie de cette contrée mystique.
Je suis partie avec mon amie Séverine qui est danseuse afin d’en profiter pour la filmer sur des sites sacrés à danser.
Assez parlé, je vous emmène!
Une première chapelle
Nous sommes parties depuis ma ville natale près de Lorient en direction de Locronan. Sur le chemin, nous avons fait un premier stop à la chapelle de Saint Thégonnec sur la commune de Plogonnec, dans le Finistère. Après un trajet sous un déluge sans nom, au moment où l’on sort de la voiture pour descendre à la chapelle, le ciel s’ouvre et de beaux rayons de soleil viennent donner une atmosphère mystique à ce moment.
Cet édifice a été bâti au XVIème siècle sur un lieu de culte ancien, dédié à la déesse topique Divona, divinité hydronymique pour les Celtes, ce qui explique cette particularité de la chapelle.
En effet, c’est la première fois que je découvrais une source à l’intérieur d’une chapelle, qui la traverse et qui en sort par une autre fontaine sculptée extérieure, où l’eau de la source jailli.
Plus loin, un petit escalier de pierre conduit à une seconde fontaine, logée sous une grande dalle, dédiée à Saint Egarec, qui guérit des maux d’oreilles et de la surdité.
Locronan
Après ce premier arrêt qui a donné des premières étoiles dans les yeux de mon amie, c’est en direction de Locronan que nous allons poser nos valises pour notre première étape.
Locronan est une des villes incontournables à visiter si vous voulez découvrir le Finistère. C’est un village si typique et qui semble si figé dans le temps, qu’il est régulièrement sollicité pour des tournages de films et séries comme « Un Long Dimanche de Fiançailles », « Le Radeau de La Méduse », « Chouans! » et « Tess », de Roman Polanski, qui, pour ce film, a pris soin de faire enterrer les fils électriques, facilitant les tournages de films d’époque, soit plus de 30 films au total.
La cité a été bâtie au XIème siècle par Saint Ronan et c’est grâce au lin et à son tissage qu’elle va s’enrichir au XIVème siècle. Le granit sombre qui constitue chaque demeure lui donne un aspect inégalable.
J’aime me rendre régulièrement dans cette ville mais je ne l’avais pas encore visitée en Octobre. La nuit tombait lors de notre visite ce jour là et un ciel crépusculaire nous a accueillies, ajoutant une atmosphère particulière au lieu.
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Je tenais à montrer la belle chapelle Notre Dame de Bonne Nouvelle et sa fontaine Saint Eutrope à ma compagne de voyage car ce lieu est incroyable. On est vraiment plongés dans un autre temps. Son granit mousseux et son architecture gothique lui donnent un aspect majestueux.
A notre retour dans le coeur du village, la Lune s’amusait à jouer à cache cache avec les nuages et la brume qui commençait à s’installer, nous sommes restées ébahies face à ce spectacle mystique puisque la Lune surgissait par saccades juste au dessus de l’église Saint Ronan, c’était magnifique.
Le froid et la faim se faisant sentir, nous sommes allées nous restaurer à la crêperie « Les 3 fées » où la décoration chaleureuse et l’accueil nous on fait nous sentir bien. Une Dremmwel blanche et un cidre local pour apéro, deux crêpes salées et une crêpe sucrée (je ne suis pas rennaise 😉 chez moi on dit « crêpes au blé noir » et non pas « galettes »), ont fini par nous achever.
Nous avons séjourné pour une nuit à l’Hôtel « Le Prieuré » où nous avons été accueillies par une… sorcière! C’est un lieu très classe et chaleureux, j’y retournerais volontiers hors saison, car plus accessible qu’en pleine saison.
En bonne amatrice de bières locales, je n’ai pas raté l’occasion de goûter une pinte de la nouvelle brasserie voisine, la Lokorn, au bar de l’hôtel. Plus local? Impossible, de notre chambre, nous avions vue sur la brasserie; Quelle joie de pouvoir déguster des bières artisanales et de chez nous…
Le lendemain matin, nous sommes redescendues à la chapelle Notre Dame de Bonne Nouvelle afin d’y faire un shooting photo pour les bijoux.
JOUR 2
La chapelle Notre Dame de Bonne Nouvelle
Construite aux XVème et XVIème siècles, elle est accompagnée d’une fontaine dédiée à Saint Eutrope datant de la fin du XVIIème et d’un petit calvaire. En allant plus loin, vers le champs après la fontaine, on peut apercevoir l’océan. C’est un lieu parfait pour capturer l’essence de la Bretagne entre les jolies ouvertures de la chapelle et son granit bien sombre et mousseux. Ce lieu est sublime, je vous conseille de le visiter à la tombée de la nuit ou tôt le matin en période brumeuse pour plus d’atmosphère mystique.
Chapelle Saint-Pierre de Quimerc’h
C’est un rêve cet endroit, pour qui aime les vieilles pierres et est nostalgique des temps jadis, comme je le suis moi-même.
Cette chapelle désormais en ruines, date pour ces pierres là du XVIème siècle mais un premier édifice religieux était déjà mentionné au XIIIème siècle. Il ne serait pas étonnant que l’endroit ait été un lieu de culte beaucoup plus ancien puisque la majorité des chapelles sont construites, en Bretagne, sur des anciens lieux de cultes païens.
Un ossuaire jouxte la ruine. Celui-ci est dénué de ses ossements, une tradition abandonnée au fil du temps, il a même servi d’habitation au XIXème siècle puis une association s’est chargée de le rénover dans les années 1990. Un arbre gardien des lieux le protège et le tout donne un endroit comme jamais vous n’en verrez. Le lieu est hautement photogénique, nous y avons d’ailleurs passé une matinée entière à shooter les bijoux et faire quelques vidéos pour mon amie, danseuse holistique.
Exposition « Sur les traces de Tolkien et de l’imaginaire médiéval – peintures et dessins de John Howe »
Nous reprendrons la voiture pour retourner à la civilisation. Nous nous rendons à Landerneau pour visiter l’exposition « Sur les traces de Tolkien et de l’imaginaire médiéval – peintures et dessins de John Howe », du 25 Juin 2023 au 28 Janvier 2024. Comme je venais en Bretagne également pour venir trouver l’inspiration, il m’était impensable de manquer cette expo. Et quel bon mal m’en a pris. J’en suis ressortie gonflée à bloc. Non seulement les oeuvres de John Howe sont absolument incroyables, mais les petites interviews que l’on peut regarder à différents endroits m’ont permis de comprendre l’artiste et de m’en sentir encore plus proche et sensible. Deux choses m’ont marquée dans des éléments fondamentaux de sa vie qui auront un impact sur son art: lorsqu’il était enfant, dans un supermarché avec sa mère, il tombe sur un livre de Gustave Doré. Il a ressenti un tel coup de foudre, qu’il explique qu’il n’a pas pu repartir sans. Sa mère le lui a offert et ce fut un véritable émerveillement pour les oeuvres de Gustave Doré. J’ai vécu la même chose lors d’une expo à Daoulas en 2003 avec Gustave Doré et Yan’ Dargent et également enfant avec le livre des contes de Perrault illustrés par G. Doré.
La seconde anecdote qu’il nous confie m’a profondément parlé également. Sa passion pour Gustave Doré l’a menée sur les pas de l’artiste, à tel point qu’il est venu s’installer à Strasbourg et s’est retrouvé par hasard sur plusieurs lieux de vie de Doré, sans le savoir. Mais ce qui m’a touché, c’est lorsqu’il raconte, qu’un soir brumeux dans Strasbourg, il était à vélo et ne voyait plus à plusieurs mètres tant la brume était épaisse. Il s’est littéralement perdu et s’est retrouvé, sidéré, devant la majestueuse cathédrale, enveloppée de brume et cette vision l’a foudroyé. Jamais il n’avait ressenti une atmosphère si mystique et qui le propulsa comme au Moyen-Age. Lui qui avait décidé de venir vivre sur le continent, là où pour lui les vestiges médiévaux étaient les plus nombreux et prolifiques pour son art, ce fut une révélation inouïe et cela allait avoir une influence sur toutes ses oeuvres. J’ai eu le même type d’impact sur ma vie avec la Chapelle Sainte Barbe du Faouët lorsque j’avais 7 ans. L’architecture gothique l’a subjugué lors de son arrivée en Europe, il a compris que cela existait vraiment. Cette architecture tant fantasmée s’est trouvée être réelle et il en puisa un imaginaire incroyable. Son aquarelle The Ravens de 1985 en est une des dignes héritières.
« J’ai découvert pour la première fois l’architecture gothique en France. Le Canada est un pays jeune, en particulier, l’Ouest du Canada, par conséquent, ma connaissance de l’histoire de l’architecture, sans être totalement absente, restait théorique et issue des livres. Contempler réellement une cathédrale constitua un immense choc culturel. Cela m’a sans aucun doute ouvert les yeux, et depuis lors, je me suis efforcée de les garder ouverts. » John Howe
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Au delà de ces anecdotes qui m’ont fortement parlé, l’exposition nous fait la grâce d’admirer nombre de ses tableaux mais aussi des croquis inédits. Jamais, depuis longtemps, un artiste contemporain ne m’avait touchée à ce point. Le parallèle entre Howe et Tolkien est fait tout au long du parcours. « L’implication de John Howe dans l’oeuvre de Tolkien, notamment par l’illustration de ses romans, puis dans les peintures et dessins de concepts pour le cinéma a contribué à donner une dimension picturale de référence internationale aux ouvrages de l’écrivain anglais » (cf exposition)
L’exposition se fait sur le fil rouge de l’imaginaire médiéval et la littérature médiévale est reprise et décrite au long du parcours, que ce soit au sujet du Roi Arthur, Beowulf ou encore les sagas de la Völsunga, du Kalevala ou encore les Eddas. Le préraphaélisme pour mon plus grand bonheur ainsi que le mouvement Art&Crafts sont évoqués parmis le nombre d’anecdotes liant la vie de Tolkien et son oeuvre. Epées, armures et autres créatures légendaires viendront compléter la magie.
Cette exposition était incontournable pour compléter celle de « TOLKIEN, Voyage en Terre du Milieu » qui avait eu lieu à la BnF à Paris entre 2019 et 2020, que j’ai eu la chance de visiter et qui m’avait envoûtée.
Je ne vous en dit pas plus et vous invite à vous y rendre s’il est encore temps!
Exposition Tolkien (landerneau.bzh)
Sur les traces de Tolkien et de l’imaginaire médiéval (fonds-culturel-leclerc.fr)
Sur les traces de l’Ankou
En route pour la Roche Maurice. Cette petite ville du Léon dominée par une superbe ruine de château sert d’écrin à un ossuaire. Accolé à l’église Saint Yves, ce bâtiment, plutôt singulier avec ses colonnettes corinthiennes cannelées, servait à contenir les vieux ossements des tombes trop remplies. Traditionnellement, on procédait à une cérémonie et l’on transférait les ossements dans l’édifice funèbre. L’ossuaire de Sainte Anne est à coup sûr une vraie merveille architecturale.
Mais sa particularité vient en partie à la célèbre sculpture de l’Ankou sur sa facade qui jouxte l’église Saint Yves. C’est un bénitier surmonté d’un squelette tenant une flèche et brandissant sur un ruban « Je vous tue tous« .
Je l’ai toujours vu dans mes nombreux livres sur le sujet de la Mort ou sur l’Autre Monde en Bretagne et je désirais le voir de mes propres yeux depuis des années. Allez savoir, peut-être m’aura-t-il inspiré un futur pendentif?
D’autres citations en latin sont lisibles partout sur l’édifice comme sur la porte de la facade:
“Rappelle-toi mon jugement; tel aussi sera le tien. A mon tour aujourd’hui, à ton tour demain”
Ou au dessus de la porte du pignon:
« Souviens-toi homme que tu n’es que poussière »
Cette culture de l’ossuaire typique du Léon est assez fabuleux et un circuit de chacun d’entre est à faire, j’espère pouvoir le concrétiser et de vous en avoir inspiré un!
Château de La Roche Maurice
A quelques pas de là, se trouve un amas rocheux sur lequel domine… un château. Ou ce qu’il en reste. Moi qui aime particulièrement les ruines (de château qui plus est), j’allais être servie! On se sent bien là dans un lieu qui a triomphé dans le passé et dont la gloire l’a abandonné il y a de cela bien des siècles. La forteresse de Roc’h Morvan (en breton) ne laisse guère place à l’imagination. Seul un donjon a subsisté ainsi que quelques pans de murs toujours debout. Le lieu est à visiter gratuitement et est sûrement plus révélateur de ses frasques passées puisque l’accès à au donjon était impossible à atteindre, puisqu’il est en travaux jusqu’en 2025. Ce château très ancien a mon admiration car j’aime ressentir les temps passés et celui-ci ne déroge pas à la règle.
Son histoire est bien expliquée ici et ici. Plus de 1000 ans d’histoire, c’est absolument fascinant.
Enclos paroissial de Guimiliau
Si vous ne deviez voir qu’un seul enclos du Léon, ce serait celui de Guimiliau dans le Finistère. C’est le plus beau et le plus ouvragé de toute la Bretagne à mes yeux.
L’ensemble architectural, que forment l’église Saint-Miliau, l’ossuaire, le calvaire, la chapelle funéraire et la porte triomphante, construit entre les XVIèmes et le XVIIèmes siècle, représente la prospérité de cette région à cette période de la Renaissance française. Chaque paroisse du Léon rivalisait à qui ferait l’enclos et l’église les plus ouvragés, les plus impressionnants et les plus spectaculaire afin d’asseoir son autorité.
La dominante gothique semble difficile à croire pour un édifice construit sous la Renaissance car telle était la conception de l’architecture à cette période (et je les comprends). Le granit bleu local donne un aspect si mystique au lieu, avec sa mousse typique, qu’on est vraiment immergé à cette époque.
L’enclos Sur l’enclos L’arrière de l’église L’ossuaire
C’est assurément une visite incontournable à faire lorsque l’on visite la Basse Bretagne. Vous y ressentez toute l’atmosphère de la Bretagne en un seul concentré. Et en comprendrez le caractère mystique, rêveur et nostalgique du breton.
Fontaine et lavoir de Saint Miliau
A 600 mètres de l’enclos, un lavoir se niche sous un petit préau en ardoises de la région, envahi de lentilles d’eau. Une sorte de petite fontaine en son fond évoque une forme d’utérus.
Mais c’est sans compter la véritable fontaine, si bien cachée que le novice passerait tout près sans s’en douter…
Saint Miliau et son épée
Saint-Miliau, un roi guerrier brittonique, est représenté dans une petite niche en roi de Cornouaille, couronné et tenant en sa main son épée. Deux statues sont disposées de chaque côté de la fontaine: un Christ aux douleurs à gauche et un Christ crucifié à droite.
Saint-Miliau fut réputé pour être très beau et charismatique, séducteur ayant bon nombre d’enfants illégitimes. Il se marie assez tard avec une princesse de Domnonée, Awrilia. Il enverra son plus jeune frère coloniser, avec le peuple Cornovii, la Bretagne actuelle sur sa partie cornouaillaise. Alors qu’il règne sur la Bretagne en 531, il est décapité ainsi que son fils Mélar par ordre de son propre frère, Rivod, qui avait soif de puissance et convoitait son rang.
Saint-Miliau est invoqué pour guérir les ulcères et apaiser les douleurs rhumatismales. On jetait également des pièces de monnaie dans la fontaine en offrandes.
L’allée couverte de Mougau Bihan
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Une réponse à “Road Trip en Bretagne”
Superbe billet, merci beaucoup pour ce partage ! Les photos sont magnifiques, et j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ton récit.
Je découvre grâce à toi la source à l’intérieur de la chapelle de Saint Thégonnec. C’est quelque chose que j’aimerais bien voir.
Je ne sais pas où j’étais toutes ces années sans connaître l’existence de ton blog, mais je m’abonne direct. Merci encore, à bientôt !